Trois transitions impactent déjà la société de manière simultanée : la transition numérique, la transition écologique, et la transition démographique.

Quelles évolutions à l’horizon 2050 ?

De manière globale, ces transitions sont le grand chantier des prochaines décennies. En effet, pour atteindre les objectifs de décarbonation et gérer une priorité aussi conséquente que celle de la transition énergétique, il va falloir que l’ensemble de ces transitions soient prises en compte, qu’elles ne viennent pas se télescoper les unes avec les autres, mais au contraire qu’elles puissent être compatibles entre elles.

Même si cette réflexion concerne tous les secteurs d’activité, du côté du secteur de la mode et du luxe, que constate-t-on ?

– les entreprises de mode, ont focalisé leurs stratégies et leur communication sur la transition numérique et, depuis la crise sanitaire, ont accéléré sur la transition écologique,
– de plus, la plupart des outils de mesure d’impacts dédiés au secteur de la mode et du luxe, sont davantage concentrés sur l’impact environnemental que sur l’impact social,

comme le souligne, Andrée-Anne Lemieux, dans l’ouvrage collectif « 19 regards sur la mode » de l’Institut Français de la Mode (IFM-Paris), publié en juillet 2022 aux Editions du Regard.

Or, la dimension sociale reste un enjeu essentiel pour le secteur de la mode :

  • D’une part, le triste 10 ème anniversaire de l’effondrement du Rana Plaza nous l’a rappelé il y a quelques semaines,
  • Les défis auxquels sont confrontées les marques de mode sont aussi sociaux : défis liés aux conditions de travail, inclusion et diversité et… vieillissement de la population, en conséquence de cette transition démographique.
  • Enfin, définir une stratégie RSE doit conduire à  rechercher un équilibre entre les 3 piliers fondamentaux que sont l’environnement, l’économique ET le social.

Faisons un focus sur la transition démographique : en quoi peut-elle concerner le secteur de la mode à l’horizon 2050 ?

C’est un enjeu de diversité à part entière.

Focalisée sur la génération Z et sur les millenials, la mode ne se préoccupe pas (ou mal..) de la diversité liée à l’âge, on peut même dire qu’il y a actuellement une forme de déni… notamment, en comparaison des autres enjeux de diversité (cf. par exemple l’étude annuelle 2022 du magazine The Fashion Post et mon article précédent de 2019 sur ce sujet).

Le vieillissement de la population est une évolution certaine et de niveau mondial.

Les chiffres de l’ONU et de l’INSEE, le montrent : la transition démographique aura un impact certain et grandissant sur la société et notamment, la diminution de la population et sur leur structure, que ce soit en Europe ou au niveau mondial (notamment en Chine …).

  • au niveau mondial, la population ayant plus de 60 ans aura doublé
  • en Chine, la part des personnes de plus de 65 ans devrait représenter 30 % dans le pays en 2050,
  • en France, plus du tiers de la population sera âgée de plus de 60 ans en 2050, contre une sur cinq en 2000.

C’est une belle opportunité pour les marques :

  • de renforcer leur pilier social au titre de leur stratégie RSE et d’accompagner de manière positive ces changements sociaux certains…
  • d’anticiper les travaux de la taxonomie sociale, qui intégreront certainement cette dimension du vieillissement de la population, dans le but de flécher une plus grande part des investissements vers des activités et entités qui contribuent aux objectifs sociaux de l’Union européenne
  • de s’engager sur ce segment de marché de façon innovante, créative et non stigmatisante,
  • et, de répondre enfin aux générations quinqua et + qui évoluent dans leurs modes de vie et dans leurs valeurs…notamment, lorsque l’on constate le nombre d’influenceuses quadra et quinquagénaires, qui fleurissent sur la toile pour exprimer leur souhait d’être davantage représentées par les marques, par exemple AndBloom ou l’association OverFiftyetAlors créée par la styliste Nathalie Garçon, (Il semble que ce soit déjà une tendance de fonds !).

Historiquement moteur sur les enjeux de société, la mode ne peut l’ignorer, elle pourrait même s’y préparer, avec le supplément de créativité et de désirabilité qui est sa force (par exemple, comme l’avait fait Jean-Paul Gaultier en 2011 dans sa campagne « anti-jeunisme »).

Sans oublier que les millenials et les gen Z d’aujourd’hui sont les générations quinqua de demain, et ce, dès 2030 !

Extraits de mon intervention au sein du Groupe de travail  » Mode à l’horizon 2050 : Futurs souhaitables  » piloté par FashionGreenHub à Plateau fertile Paris . Merci à vous pour votre invitation ! Très honorée d’avoir pu contribuer à ces travaux passionnants de prospective, et ravie de ces échanges constructifs. Hâte de lire le futur rapport en 2024 🙂